En tant que Contrôleur Général des lieux de privation de liberté (les prisons), Jean-Marie Delarue a bien raison de vouloir s’intéresser aussi aux établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes (EHPAD). Et il pourrait à juste titre visiter et contrôler également les hôpitaux psychiatriques. Il y découvrirait sans doute ce qu’il semble pressentir, à moins qu’il ne le sache déjà : les Droits de l’Homme n’y sont pas partout également appliqués.
Je me souviens avoir vu ma grand-mère, rendue dépendante au départ pour des problèmes physiques, devenir totalement hagarde après quelques semaines de présence dans une maison de retraite médicalisée. J’ai vu et entendu des infirmières pourtant dévouées mais débordées lui parler comme si elle était devenue une débile profonde. Ses gestes étaient lents et son regard était vide. Et j’ai réalisé, malheureusement après coup, que son apparente et soudaine sénilité n’était en fait qu’un état artificiel d’hébétude créé par la consommation quotidienne de médicaments psychotropes.
Et ceci est apparemment devenu un des points communs de ces trois catégories pourtant distinctes d’établissement : le recours abusif aux produits chimiques pour « calmer » les pensionnaires.
Un contrôle renforcé de ces pratiques permettrait d’évaluer l’ampleur du phénomène et la gravité de ces situations qui portent atteinte à la dignité humaine.
Ariane, mars 2013