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Programme Criminon.

Délinquance – Ce qui marche ailleurs – Programme Criminon

Le programme Criminon

Pour ceux qui s’intéressent à la réhabilitation comme solution à la fois individuelle et sociale à la délinquance, se pose la question des approches possibles et de leurs résultats. Sous cet angle, le programme Criminon mérite de retenir l’attention. Né en 1972 en Nouvelle-Zélande, il est aujourd’hui accessible dans près de 2 500 prisons dans une vingtaine de pays.

Réhabilitation

Parmi les approches identifiées par les sciences sociales comme pouvant conduire à une réhabilitation, figurent les CBT*, ou thérapies cognitives – comportementales. C’est de cette catégorie que relève le programme Criminon.

Les CBT s’adressent au mode de pensée de l’individu (cognitif) et créent des changements à ce niveau, amenant des changements dans le comportement de la personne. Il s’agit généralement d’une approche rationnelle ou analytique des processus de pensée. Les CBT encouragent l’individu à examiner son comportement et les conséquences de ce comportement. Puis l’individu est encouragé à choisir entre différents comportements face auxquels il se trouve. Différentes méthodologies de CBT utilisent différents moyens pour renforcer et soutenir des choix sociaux. Mais, au final, ils s’adressent tous à la personne pour l’aider à changer son processus de prise de décision et à examiner ensuite les conséquences de ses décisions et de son comportement. Telle est l’approche du programme Criminon.

Une approche « rationnelle » de ce type se distingue d’approches qui modifient le comportement par l’usage de thérapie psycho-analytique, de camisole chimique voire, à l’extrême, d’interventions psycho-chirurgicales. Dans l’approche CBT, le changement de comportement est obtenu avant tout en amenant l’individu à voir les avantages liés à ses actions pro-sociales.

Origine

Aux sources du programme Criminon, une expérience réalisée à la fin des années 1940 par L. Ron Hubbard. Cherchant à « savoir si l’esprit criminel correspondait à un genre d’esprit différent », il s’est engagé dans le département de police de Los Angeles. De cette expérience il a conclu que toute vie de criminalité commençait par la perte du respect de soi, par la rupture du seul contrat que l’individu ne devait pas rompre : le contrat de confiance avec lui-même. A partir du moment où l’individu rompt ce contrat, « ce qu’il fait aux autres, y compris à lui-même, n’a aucune importance. »

L’approche de Criminon considère donc qu’au centre du processus de réhabilitation individuel se trouve l’idée qu’il est nécessaire que le délinquant regagne le respect de soi, un sentiment de sa propre valeur. Il ne s’agit pas de fausse fierté ou de l’affirmation de sa propre importance. Ce sens disproportionné de sa propre importance qui fait que l’on se sent visé par un regard ou une remarque banale n’est pas ce qui est recherché. Il s’agit d’une véritable réalisation qu’il ou elle est vraiment  une personne décente, bien intentionnée. L’individu se retrouve en train de faire face aux choix de sa vie avec un nouveau point de vue : veut-il continuer sur la route qui l’a mené derrière les barreaux, qui l’a mené à une vie de famille en miettes et à s’associer avec des gens qui soutiennent la dégringolade de la personne et l’encouragent à continuer ? Ces choix négatifs sont en contradiction avec la nouvelle vision que la personne a d’elle-même.

Le programme Criminon cherche à amener la personne à une nouvelle compréhension de soi et, en construisant sur cette base, à aider la personne à développer et à mettre en pratique des capacités et des raisonnements qui vont guider ses actions dans une direction sociale constructive.

Contenu

Les méthodes utilisées dans le programme Criminon sont donc fondées sur des travaux de L. Ron Hubbard. L’utilisation de ces travaux dans la démarche de réhabilitation de détenus ou de jeunes à risque a été affinée au cours des années. Ce programme tel qu’il fonctionne aujourd’hui consiste en une série de cours, dont les grandes lignes sont les suivantes :

1. Les bases de la communication

    Consistant principalement en une série d’exercices permettant d’améliorer la capacité et la facilité du participant  à communiquer. On a constaté que lorsque la capacité à communiquer est suffisamment améliorée, et quand quelqu’un a confiance dans sa capacité à régler des situations de confrontation ou de bouleversement par une communication verbale, cette personne a tendance à régler les situations dans la vie et à résoudre les problèmes verbalement, et non plus en faisant appel à la force, à la négation ou à l’évitement.

    2. Savoir apprendreLe cours pour mieux apprendre améliore la capacité de l’individu à extraire, à comprendre et à utiliser l’information, essentiellement grâce à la lecture. Il permet aux participants de participer plus facilement aux modules Criminon suivants, et facilite plus généralement le suivi de formations, que ce soit à l’école ou dans le cadre de programmes de formation continue.

    3. Le « Chemin du bonheur »

    Il est fréquent de constater que les délinquants justifient leurs actes par le respect d’un code moral personnel qui les pousse en fait à faire des choix incorrects. De nombreuses raisons peuvent expliquer l’existence d’un tel code : pauvreté, illettrisme, racisme, ménages brisés, loi des gangs, etc. A moins que l’individu ne comprenne comment agir de manière sociale, estime important de le faire et se sente capable et digne de mener une vie « honorable », il retombera dans l’utilisation d’un tel code de valeurs délinquantes. Ce module aide les participants à regagner confiance en eux-mêmes et à comprendre comment mener une vie responsable, constructive et en harmonie avec le reste de la société.

    4. A propos du comportement anti-social

    Les délinquants manifestent des comportements anti-sociaux ou, à leur libération, continuent à s’associer avec des personnes manifestant de tels comportements qui constituent un frein à leur réinsertion. Ce module aide le délinquant à reconnaître en lui-même et chez les autres les modes négatifs d’interaction sociale, ce qui lui permettra, à sa sortie, d’éviter de s’associer avec des personnes qui l’encourageront à retomber dans la délinquance.

    5. A propos de la dépendance

    Ce cours a pour but d’apprendre aux délinquants l’effet sur le corps et sur le mental des drogues et de l’abus d’alcool. Il peut inclure éventuellement des exercices permettant au délinquant de se sevrer d’une addiction pour mener une vie sans drogues.

    Question de résultats

    Les associations Criminon ont développé, à partir de 1989 des cours par correspondance, ce qui a facilité la pénétration du programme dans les quartiers de haute sécurité, qui sont habituellement difficilement accessibles aux programmes de réhabilitation. A l’heure actuelle près de 10 000 personnes ont achevé une partie ou la totalité des cours du programme, et pour les détenus qui ont purgé leur peine ou qui se sont trouvés en régime de liberté surveillée, les statistiques de non-récidive sont très encourageantes, ainsi qu’en témoignent les exemples suivants :

    • Mexique. Après que plus de deux mille détenus de la prison d’Ensenada aient terminé le programme Criminon, deux études universitaires ont examiné les casiers judiciaires sur 5 ans. Dans ce laps de temps, moins de 10% des détenus étaient retournés en prison.
    • Afrique du Sud. Après que 267 mineurs de Pretoria aient terminé le programme Criminon, 16  d’entre eux ont commis d’autres délits dans (les deux ans) qui ont suivi, soit un taux de récidive de 6%.
    • Etats-Unis. A Salt Lake City, des agents de probation pour mineurs ont été formés pour participer avec le personnel de Criminon aux cours proposés à des jeunes délinquants. Sur une durée de 2 ans, le taux de délinquance a diminué de 87%.

    * cognitive – behavioral therapies.

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