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Délinquance.

Les anciens disaient qu’un mystère est quelque chose qu’on n’a jamais fini de comprendre.

Les modernes ne devraient-ils pas dire qu’un problème est quelque chose qu’on n’a jamais fini de résoudre ?

La délinquance est assurément un problème pour nos sociétés. Elle se présente comme les questions de drogue, d’éducation ou de pauvreté : à la fois évidente et insaisissable, de grande importance et marginale, uniformément présente et multiforme.

Signe des temps, le terme de délinquance est solidement installé dans le langage, mais sa signification est d’une souplesse désespérante. Dans le dictionnaire la délinquance désigne les comportements délictueux, considérés surtout sous un angle social.

En pratique, l’usage veut que l’on parle plutôt des jeunes, sauf pour mentionner des spécialités très précises comme la délinquance financière ou la criminalité sexuelle, mais le terme conserve néanmoins son usage tous terrains. Bref, une définition à périmètre variable ne facilite guère l’efficacité des analyses ou des débats !

Autre signe de temps, c’est un domaine où l’on peut, autant sinon plus qu’ailleurs, faire avouer aux statistiques tout ce que l’on veut.
On connaît les deux grandes familles de reproches que l’on peut adresser aux statistiques sur la délinquance :

  • tout d’abord, le recensement souffre de nombreux biais. Ainsi, mesure-t-on la délinquance elle-même ou l’activité des services de police ? Ou encore, les vols sont plus faciles à déclarer que les viols. Sans compter que le dépôt de plainte pour vol est obligatoire pour les assurances.

 

  • ensuite, le recensement ainsi obtenu agrège des événements parfois difficilement comparables entre eux. Compte tenu du poids des vols dans le total (plus de 2 millions en 2005), dans l’hypothèse d’un doublement des homicides (moins de 1000 en 2005) et des viols (près de 10 000 en 2005), une baisse de 1 % des vols recensés permettrait cependant d’affirmer « chiffres à l’appui » que la délinquance est en train de chuter…

Il faut préciser également qu’au-delà de la seule difficulté de mesure, donc de connaissance objective, il est difficile de circonscrire exactement le phénomène ou son évolution. Par exemple, le sentiment d’insécurité est sans nul doute le reflet d’une activité délinquante. Mais ce sentiment ne provient-il pas aussi, dans une certaine mesure évidemment, du « vieillissement » de la population ? Ou du fait que, grâce à la formidable élévation du niveau de vie des classes moyennes depuis un peu plus d’un demi-siècle, il y a plus à protéger ?

En un mot comme en cent, il existe un phénomène bien réel de délinquance, mais, avant même d’en rechercher les causes et les remèdes, il convient d’exercer une grande vigilance dans l’énoncé du ou des problèmes exacts à résoudre.

Un point de repère cependant. Étymologiquement, le terme délinquance vient du latin delinquere, ne pas respecter ses engagements, faire défaut, et par conséquent être fautif. L’idée de départ est donc celle de « faire défaut ».

Les délinquants sont donc ceux qui ont, d’une façon d’une autre, rompu le pacte de coopération qui est le fondement même de toute société. Si l’on considère qu’il y a un véritable phénomène de délinquance, donc une ampleur du problème, alors il y a un enjeu majeur pour la société.

Nicolas Frémont

Dans le cadre de ce blog, la délinquance est le premier thème que nous avons retenu (le suivant sera l’éducation) pour nous interroger, discuter, proposer des faits et chiffres, des analyses, des opinions, des « ce qui marche ailleurs » et des « ce qu’ils en disent ».

L’objectif ? Réfléchir et faire réfléchir. Aux internautes de prendre, de rejeter, de réagir, de transmettre à qui bon leur semble, ou de partir ailleurs.

Et pourquoi pas, de revenir de temps en temps.

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