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Abd Al Malik.

DélinquanceCe qu’ils en disent – Abd Al Malik

« Qu’Allah bénisse la France » Abd Al Malik

 

Le livre autobiographique d’Al Malik frappe par sa force et sa sagesse.

Il a en commun avec Conrad et Cervantes sa connaissance  de la vie, pas à travers de ce qu’écrivent les autres ou de ce qu’ils racontent sur la terrasse d’un café, mais par le contact direct avec la réalité et le combat réel de tous les jours d’un immigré de banlieue qui a vu ses amis d’enfance décimés par la drogue et la violence.

Son choix, ce n’est pas de se fermer au monde en se réfugiant dans un communautarisme religieux fondé sur le fait d’échapper à l’exclusion en tournant le dos aux autres, mais au contraire de puiser dans l’émerveillement de l’être humain face à la création et à son destin pour s’ouvrir et apprendre à aimer ceux dont tout nous sépare.

Voilà le secret de la noblesse et de la grandeur qu’on ne trouvera point dans les armoiries du baron Thunder ten Trunk (Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le Baron de Thunder-ten-Tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les mœurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple ; c’est, je crois, pour cette raison qu’on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu’il était fils de la sœur de Monsieur le Baron et d’un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu’il n’avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l’injure du temps. (Début du Candide de Voltaire).

Al Malik, après avoir côtoyé la petite délinquance, les lumières et l’Islam, a trouvé sa voie dans le Soufisme (Le soufisme (arabe : ???? [tassawwuf]) est un mouvement de spiritualité de l’islam. Le mot soufisme vient de safa (pureté) ; le mot el-soufiya désigne en arabe l’homme qui a réalisé pleinement sa spiritualité et qui est arrivé au terme de la Voie. Les musulmans soufis privilégient l’intériorisation, l’amour de Dieu, la contemplation, la sagesse. Le mysticisme soufi a de nombreux points communs avec l’ascétisme monastique chrétien et les idées platoniciennes)

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Pour nous tous c’est un exemple de l’espoir et la force qui habitent l’immigration et de l’originalité d’un artiste qui a su concilier l’inconciliable.

Que Marianne te bénisse, Al Malik !

Ci-dessous un extrait du chapitre « En chemin vers l’Autre » :

« J’écoutais sans rien comprendre, saisissant juste que leur présence en ces lieux était motivée uniquement par leur désir insatiable de paix. On pénétra ensuite dans une grande synagogue qui avait été utilisée comme écurie par les nazis, et qui est aujourd’hui magnifiquement rénovée. C’était pour moi chose inédite que de mettre les pieds dans une synagogue, couvert dûment de la kippa. J’éprouvai la même sérénité qu’à pénétrer dans une mosquée. L’architecture intérieure s’en rapprochait étonnamment, tout en évoquant aussi une église, ou plutôt un temple protestant. […]

Lors de la visite du cimetière juif, je continuai à apprécier les correspondances symboliques de nos deux religions. De retour à l’hôtel, je pleurai presque de joie en repensant à cette image d’un prêtre, d’un imam et d’un rabbin se tenant la main dans une synagogue et appelant d’une même voix à la mémoire pour la paix …»

Alexandra Fox, Mars 2008

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