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Débat sur l’Identité nationale.

Contribution au débat sur l’Identité nationale

Par Alexandre Forté

Sur quoi repose l’identité d’un groupe, d’une équipe ou d’une nation ? Est-ce sur son passé ?
Nous ne le pensons pas. Les Français n’ont pas tous le même passé, le même héritage culturel ou religieux. C’est une réalité qu’il semble difficile de contester. Fruit de l’histoire coloniale et économique, l’immigration continue dans notre pays depuis plus de 100 ans a transformé la France en un pays pluri-ethnique et pluri-religieux. N’est-il pas dès lors illusoire de rechercher l’identité nationale dans le passé alors que celui-ci est si différent d’un individu ou d’un groupe à l’autre ? Chercher l’identité française dans le passé, ce serait prendre le risque d’en exclure non seulement les immigrés récents mais aussi paradoxalement une bonne partie des Français dits de souche. Les Bretons ont-ils la même vision du passé et la même relation à la France que les Alsaciens ou les Savoyards, pour ne prendre qu’un exemple ? Baser l’identité nationale sur le passé pourrait avoir des conséquences fâcheuses en terme d’unité nationale. La reconnaissance d’un passé si différent pour tous pourrait faire imploser la nation et susciter le repli sur soi des diverses communautés qui la composent.

Vouloir définir l’identité nationale par rapport au présent semble déjà plus sensé. La réalité commune, la volonté de cohabiter, l’accord sur lesquels repose la société existent dans le présent et non dans le passé. La nécessité de vivre ensemble en harmonie implique le respect de valeurs communes basées sur l’ordre et la tolérance. On trouve dans le présent les valeurs et les règles essentielles qui permettent la vie en groupe, et donc en nation : les lois, les droits et obligations. Même si ces valeurs sont généralement issues de l’expérience du passé, c’est la nécessité de la vie présente qui leur donne vie. Néanmoins, la vie dans le présent recèle également en elle des germes de division. L’âpreté de la vie au sein de notre société suscite des tensions, des animosités entre individus ou groupes. La diversité des origines et des cultures confrontée à la dureté de la vie débouche parfois sur le rejet de l’autre, de l’immigré envers celui qui l’accueille ou de celui qui accueille envers l’immigré. Difficile dans ces conditions du présent de définir ce qu’est l’identité nationale. Les concurrences et les ressentiments tendent à voiler  les valeurs qui rendent finalement la vie en commun possible et que l’on finit par presque oublier ou ne plus voir dans toute leur importance.

Alors, comment définir l’identité nationale ? Si elle ne situe pas dans le passé et si elle se dilue dans le présent, il reste l’avenir pour la définir. Comment suscite-t-on une identité forte au sein d’un groupe ? Comment peut-on efficacement unir des individus d’origine différente ? En donnant à ce groupe un but qui l’unit et lui fait sentir une réalité commune. Sans avenir, l’identité se recherche dans le passé, dans la nostalgie et le regret d’une époque révolue.

C’est en fait le but fixé par et pour le groupe qui constitue le ciment d’une société (et de n’importe quel groupe). L’identité nationale serait ainsi la vision d’un futur commun, vision partagée par tous les membres de la communauté nationale. Cette vision se décompose en buts et en objectifs à atteindre. Les buts communs considérés comme souhaitables par l’ensemble des Français renforcent le sentiment d’unité nationale. Tout renoncement à créer le futur, toute peur de l’avenir ne peuvent avoir comme conséquence que l’affaiblissement de ce sentiment.

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