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Education.

Sur les Ruines de Education Nationale

Alexandra Wolf

D’après l’OCDE, en 1995 la France avait atteint un niveau d’illettrisme de 40%.

Qu’entend-t-on par illettré ? C’est simple : quelqu’un qui sait lire, mais dont le niveau de compréhension ne lui permet pas de faire la synthèse en 5 lignes d’un texte de 25 lignes dont le contenu ne serait pas trop littéraire ni technique.

Si l’on compare sur ce critère la France, grand et prestigieux pays possédant la frappe nucléaire, des technologies de pointe et un héritage culturel indéniable, avec un pays du « tiers monde » comme Cuba, nous nous apercevons que pendant que la France s’endormait sur ses lauriers et que son système d’éducation tombait en miettes, Cuba a réussi à atteindre un niveau d’alphabétisation supérieur à tous les autres pays du continent américain : son taux d’illettrisme n’est que de 5%.

C’est à se demander si les responsables de la débâcle française   ne devraient pas bénéficier d’un stage de formation continue à Cuba, loin des IUFM et du « pédagogisme hexagonal » ?

En 1999, Christian Jelen dresse un constat sans complaisance (La Guerre des Rues, Ed. PLON) :

« En 1985, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Education nationale, déclare qu’il est urgent d’apprendre aux élèves le bon usage du français. Aussitôt, des enseignants se lèvent contre cette suggestion antisociale propre à casser la créativité des élèves, surtout à humilier les fautifs, souvent issus des classes défavorisées. (…) Or, ainsi que le rapporte Danièle Sallenave, le non-apprentissage du langage à l’école primaire, c’est le non-apprentissage de la pensée. Ne pas y apprendre à écrire, à parler et à lire, c’est ne pas y apprendre à penser. D’où la violence des gamins qui entrent au collège en étant quasi analphabètes. On ne peut quand même pas leur demander de rester assis, huit heures d’affilée, sans rien comprendre. Alors, ils créent forcément la pagaille.

L’échec scolaire

L’échec scolaire, lié le plus souvent à une non maîtrise du français en sixième, rejette des jeunes à la rue, des jeunes sans perspective d’avenir, ne trouvant comme moyen d’expression que la violence ».

Méthodes pédagogiques nouvelles

« Avec des méthodes pédagogiques nouvelles, la lecture globale, les mathématiques modernes, 25% des enfants entrent dans l’enseignement secondaire sans savoir ni lire ni compter. Et ne parlons pas d’écriture, les faire redoubler ou leur donner de mauvaises notes risquerait de leur donner des complexes, la psycho-pédagogie l’interdit, alors on mélange les bons et les mauvais élèves jusqu’au bac. Après le bac, ils s’inscrivent dans l’enseignement supérieur et finissent par pointer à l’ANPE.  (…)  Liliane Lurçat, la grande spécialiste de l’école primaire et qui a étudié au CNRS les méthodes d’enseignement des fondamentaux nous dit : on a cassé la baraque en cassant l’école primaire. On a mis à la poubelle toutes les méthodes éprouvées qui avaient permis aux instituteurs de l’Ecole Jules Ferry d’apprendre à lire, à écrire et à compter à des enfants dont les parents ne savaient pas lire et parlaient patois. »

Thierry Laffont. Le Scandale de l’Education Nationale, Ed. Robert Laffont.

 Le Haut Conseil de l’Education Nationale

Le Haut Conseil de l’Education Nationale sur l’école primaire écrit dans son rapport 2007 :

  • 60 % [des élèves] obtiennent des résultats acceptables ou satisfaisants
  • 25 % ont des acquis fragiles
  • 15 % connaissent des difficultés sévères ou très sévères

 Le parcours scolaire

«  Les difficultés, identifiées dès le début de la scolarité, s’aggravent avec le temps (…) Le problème s’amplifie tout au long du parcours scolaire »

« Si le collège, considéré par beaucoup comme le “maillon faible”, a suscité depuis vingt ans débats et polémiques, l’école primaire a beaucoup moins attiré l’attention. Certaines enquêtes internationales auraient pourtant dû donner l’alerte : au regard de ces enquêtes – en particulier PIRLS (Progress in International Reading Literacy Study), évaluation faite à l’issue des quatre premières années de la scolarité obligatoire dans la majorité des pays développés -, notre école primaire se porte moins bien que l’opinion publique ne l’a cru longtemps. En particulier, elle ne parvient pas, malgré la conscience professionnelle de son corps enseignant, à réduire des difficultés pourtant repérées très tôt chez certains élèves et qui s’aggraveront tout au long de leur parcours scolaire. »

Élèves en perdition

Une fois déchiré de manière irréversible le voile des illusions, que proposer aux élèves en perdition, aux parents inquiets et aux enseignants lassés des réformes successives qui tiennent parfois plus de l’effet de mode  que d’une réflexion de fond ?

L’objectif de cette rubrique est d’examiner les faits à travers les chiffres officiels et des témoignages sur le terrain, de comparer ce qui se fait ici et ailleurs et d’attirer l’attention sur des expériences réussies et des méthodes qui ont fait leurs preuves en dehors de toute idéologie.

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